Cet article (en partie) a été publié dans l’Observateur du Cambrésis du 5 octobre 2017 voici l’intégralité du reportage :
Quand j’ai rencontré Nicolas Paris, sa journée était déjà bien entamée : dès le petit matin, il est allé mettre en route les cueilleurs puis il est rentré pour conduire ses enfants chez la nounou, puis nous voilà partis pour discuter agriculture en visitant la serre. Un endroit serein où règne une merveilleuse odeur de fraises et où les salariés travaillent avec plaisir en musique.
Qui êtes vous ?
Je suis agriculteur sur ma propre exploitation, marié à Sophie qui travaille à l’extérieur, pour nous permettre de ne pas être pris à la gorge au niveau financier et nous avons 3 enfants Suzanne, Léonie et Jules. Après mon BTS agricole, J’ai été salarié pendant 10 ans sur une grosse exploitation dans le secteur de Lens. Je me suis installé sur Trescault en 2010, j’ai repris l’exploitation à un oncle, il n’y avait plus rien que des céréales. C’est une petite exploitation de 40 hectares, mais je suis tout seul, j’emploie des cueilleurs pour les fraises, en mai au plus fort, ils sont six, là actuellement c’est la fin de saison, ils sont 4. Pour ne pas être trop seul, j’ai adhéré à la coopérative « le Marché de Phalempin », ils font de tout.
J’ai un distributeur de fruits , légumes, œufs, confitures… devant chez moi 116 rue de Trescault à Gouzeaucourt et j’aimerai pouvoir me développer pour pouvoir prendre quelqu’un avec moi à temps plein.
Vous êtes un agriculteur conventionnel, ce qui ne veut pas dire que vous ne faites pas attention !
C’est tout à fait ça, déjà parce les produits coûtent chers, donc on ne traite pas par plaisir.
Ensuite, nous ne traitons pas à tout va, si il n’y a pas de maladie, ni de nuisibles, il n’y a aucune raison de traiter, cette année, il n’y a eu aucun traitement sur mes tomates !
Parfois je traite contre les limaces, comme beaucoup de personnes dans leurs jardins. Mais il faut être raisonné !
Comment se passent vos cultures ?
Pour cela, direction la serre !
La serre fait 3000m², 125m de long, il y a 3 chapelles tout se fait à la main. Je fais tout tout seul, je n’emploie que pour la cueillette. C’est pour ça que je voudrais développer, pour avoir quelqu’un qui pourrait me seconder J’ai 40 ans mais je ne les aurais pas toute ma vie. C’est beaucoup de stress, de travail En ce moment il y a Sabrina, Nathalie, Aurélia et Stéphane qui sont présents depuis tôt ce matin pour la cueillette. Ils cueillent et ils pèsent directement pour mettre en barquettes comme ça on ne les re manipulent pas. Les fruits ne sont pas abîmés. Là, j’ai une bonne petite équipe, avec une bonne ambiance, ce sont des mamans et le fait de ne pas faire beaucoup d’heures, ça ne les gêne pas trop, parce qu’elles ont du temps pour s’occuper des enfants. Sinon ce sont souvent des jeunes qui viennent 1 ou 2 années et ensuite ils ne reviennent plus donc chaque fois, il faut former des nouvelles personnes, parce qu’il y a une technique pour cueillir , il y en a une pour mettre dans les barquettes, un colis doit bien présenter, puis il y a les fraises à évacuer, les fruits qui ne sont pas jolis et ça s’apprend.
Les fruits « moches » je les revalorise en les transformant, je fais de la confiture , j’ai quelqu’un qui me les transforme et les confitures, je les mets aussi dans le distributeur.
Mon organisation est vraiment sur un fil, je travaille beaucoup, les gens n’imaginent pas tout ce qu’il y a à faire en février je retaille mes fraisiers puis, je m’occupe de la plantation de pommes de terre, derrière ça je dois m’occuper de ma production de fraises qui est en fleurs, et la plantation de tomates. Parallèlement, il faut suivre les céréales. Récolter les fraises, quand on a fini de récolter je dois tout enlever, tout nettoyer pour replanter en juillet une fois fini de planter, la moisson arrive puis on embraye sur les fraises en même temps, on récolte les pommes de terre, je fais du lin aussi et, il faut gérer le distributeur mettre les pommes de terre en sac, j’ai le blé à semer plus la vie de famille à gérer, je ne peux pas m’arrêter.
C’est un véritable sacerdoce ?
Il faut du courage ouais mais moi j’adore! Les vacances c’est très compliqué. De février à novembre, mes journées démarrent à 6h30 du matin jusque 19h minimum le soir non stop. Parfois je vais manger avec ma femme et mes enfants puis je reviens jusque 22h. Quand la récolte des fraises sera fini je vais refaire une taille, après les grosses gelées je taille les 3000m² tout seul 3 semaines de boulot là faut être courageux pour faire le peignage Stéphane vient m’aider seul, je n’y arriverais pas. J’ai une page facebook : Nicolas PARIS pour montrer ce que je fais, mais parfois j’ai peu de temps pour la gérer, mais ça montre pas mal notre travail ! Le distributeur est un gros investissement il faut vendre pour rentabiliser et je sais qu’il n’est pas idéalement situé, mais vous y trouverez toujours de bonnes choses, je l’approvisionne régulièrement !
Pour les pommes de terre, j’ai dû investir dans une arracheuse que j’ai acheté d’occasion à un agriculteur en Allemagne. En pomme de Terre j’ai un contrat avec un industriel Belge pour de la frite, je fais de la Bintje, c’est une variété un peu abandonnée parce que c’est une vieille variété et quand on en met trop le rendement est plus faible, en plus, ce n’est pas le top modèle des pommes de terre, elle est un peu difforme mais ce que j’aime, c’est qu’on peut faire de tout : des frites, de la purée, de la soupe et elle est très connue par contre si je vous avais dit Fontane, Innovator Markies vous ne connaissez pas forcément et on ne peut faire que de la frite avec ce type de pommes de terre.
Je fais aussi de la Nicola, alors non ce n’est pas parce que je m’appelle Nicolas comme on me dit souvent, mais c’est une variété qui est assez connue qui passe partout avec une chair ferme. La Nicola j’en fait un peu pour ma vente au détail, je fais 99 % en Bintje, Je travaille avec Clarebout le gros concurrent de MacCain en Belgique, j’ai une partie en vrac ça repart en camion et j’en ai en palox pour mon détail
C’est beaucoup de stress aussi ?
Une année, je me suis fait une entorse à l’automne il a fallu que je mette mes pommes de terre en sac, en boitant, parce que si je ne bosse pas, j’ai rien. La météo aussi c’est une source d’angoisse.
L’hiver, je ne dors pas bien, les tempêtes, le vent. Mes ancêtres étaient meunier, ils avaient un moulin donc c’est dire si il y a du vent. Pour ma structure pour ma bâche, je suis la météo de près, la neige c’est pas top non plus.
Les fruits étrangers c’est aussi du stress, chez moi, la fraise ne touche pas le sol, donc pas vraiment de maladie, on ne désherbe pas, elles sont hors-sol et pourtant, la fraise espagnole coûte encore moins chère que notre coût de production, les pays étrangers n’ont pas les mêmes normes que nous donc quelques part ça nous fait peur, des produits interdits chez nous, ne le sont pas forcément chez eux. C’est une sacrée concurrence et les gens ne le comprennent pas, en même temps, c’est tellement plus simple d’aller en grande surface et d’acheter des fraises qui sont à des prix défiants toute concurrence.
Vous avez un distributeur, mais vous vendez à des grandes surfaces ou autres ?
Comme je vous disais, je suis adhérant à la coopérative de Phalempin, la majorité de ma production en fraise part là-bas : La coopérative commercialise ma production, moi je vends environ 25 % de ma récolte en direct. J’ai une exclusivité avec la coop, par exemple, si j’ai des pâtissiers qui viennent, je les fournis mais c’est la coop qui les facture. En mai c’est 600 à 700kg de fraises par jour, alors je préfère que la coop s’occupe de bien les vendre. C’est cher des fraises, mais ça coûte cher à produire, on est hors sol, mais on est dans un substrat de tourbe naturel, ce sont des cultures très techniques.
Dans la serre, il y a des panneaux bleu et des ruches, expliquez nous ?
je pose des panneaux bleu sur chaque allée pour capturer les thrips qu’on appelle bêtes d’orage, et cela pour ne pas avoir à traiter parce que ces petites bêtes sont vraiment préjudiciables pour les fleurs de fraisiers, et j’utilise des bourdons pour polliniser. Les bourdons travaillent à faible température et quand le temps est gris ils sortent, alors que les abeilles non donc, j’ai 2 ruches actuellement fin de saison et 4 en haute saison.
Faites le plein de bons produits grâce au Distributeur qui se situe 116 rue de Trescault à Gouzeaucourt
Vous y trouverez selon la saison différents fruits et légumes actuellement
des tomates, des fraises 2,90€ la barquette de 500g, les bintjes à 3€ le sac de 10 kg, les nicola 3€ le sac de 5Kg par exemple
mais aussi des confitures, des œufs de poules élevées en plein air dans l’élevage de Pascal Buirette à Fontaine-Notre-Dame.
Sur la page facebook, vous pouvez me contacter et connaître le contenu du distributeur, je souhaite qu’il n’y ait que des produits de qualités et locaux !
Facebook : Nicolas PARIS