Un si joli regard.

La première fois que je l’ai vu, je me baladais, il pleuvait averse et je suis entrée dans la boutique en attendant que ça veuille bien se calmer !

Il était là seul à me regarder avec ses grands yeux bruns profonds. J’étais un peu déconcertée, j’avais beau détourner mon regard, je me sentais irrémédiablement attirée. C’était la première fois que cela m’arrivait, mais il était tellement craquant. Si mon mari m’avait vue ! Il n’avait pourtant rien de particulier, il était grand, fier et ce regard. ..

La sonnette de la porte du magasin retentit, j’ai repris mes esprits et constaté que la pluie avait cessé. Il fallait que je sorte sans me retourner… Et si jamais, il m’appelait ?! Non, je ne dois pas craquer, allez sors de là ma grande, vite.

Pfiou, j’en tremble encore, dire que je passe par là tous les jours, il aura fallu que je manque mon bus une seule fois et voilà.

« Bonsoir, tu rentres bien tard ma puce, je commençais à m’inquiéter. Lança Stéphane sur le ton du reproche.

« Il sait déjà tout », pensais-je l’espace d’un instant avant de lui répondre :

  • Oh ! Mon chou ne soit pas en colère, j’ai loupé le bus et pour couronner le tout, j’ai encore oublié de charger mon portable.
  • Décidément toi !! On sort dîner dehors pour te remettre de tes émotions ?
  • Oh ! Tu es vraiment un amour, si on allait au Cappuccino, j’adore ce petit bistrot.
  • Tu te changes vite, je t’attends.

Durant une partie du repas, je n’ai pas cessé de repensé à … Je ne connais même pas son nom, comment pourrais-je l’appeler ? Apollon, ça lui irait tellement bien.

Le reste du temps, Stéphane m’a fait la leçon sur le fait que je devais avoir mon portable chargé en permanence, une urgence est si vite arrivée blablabla, je ne l’écoutais qu’à moitié. Il n’est jamais là et pour le peu qu’on sort, c’est pour me faire des reproches.

  • Je vais devoir partir deux jours, on a une réunion sur Paris, un gros client, je ne peux vraiment pas faire autrement.

  • Voilà, je me disais aussi, une invitation à dîner, c’était trop beau.

  • Ma chérie, tu sais bien que si je pouvais, tu me manques aussi, qu’est ce que tu crois !! »

La soirée avait pourtant bien commencé. Dire qu’il y a encore un an, ça se serait terminé en apothéose, nuit torride et réveil langoureux. Maintenant c’est « dors bien bébé. » …pff.

Le lendemain au bureau, j’étais nerveuse, je voulais trouver une excuse pour retourner dans cette boutique. Linda, ma meilleure amie et accessoirement ma collègue, me parlait de son divorce et de combien il était dur de se retrouver seule. C’est là que m’est venue l’idée de lui proposer d’aller faire les boutiques pour lui remonter le moral. Ça me permettrait aussi de LE revoir. Linda n’était pas très emballée mais, elle finit par accepter.

Nous nous sommes rapidement trouvées sur le boulevard, la boutique n’était plus très loin. Mon cœur battait tellement vite que Linda aurait pu l’entendre, si elle n’avait pas été occupée à lancer des «  bon à rien » et autres noms d’oiseaux à son futur ex-mari qui devait se faire tout petit à l’autre bout du fil.

C’était parfait, elle ne s’apercevrait de rien. Quand nous sommes enfin entrées dans LA boutique, je l’ai tout de suite cherché du regard, comme une gamine. Il n’était nulle part. J’étais à la fois soulagée et déçue. J’ai tenté de regarder derrière le comptoir, mais il n’y avait qu’une petite bonne femme rousse à l’air enjoué.

« Bonjour !

– Bonjour, puis-je vous aider ?

– Euh, je ne sais pas trop, en fait je suis venue hier – calme toi Sylviane, calme toi -. J’ai vu là derrière, il était assez grand, des yeux noirs – reprends toi enfin tu n’as encore rien fait-.

– Paul, vous devez parler de Paul. Il est sorti. Il sera de retour dans un moment si vous voulez le…

– Qui est ce Paul ? Coupa Linda.

– Personne, en fait c’est juste le livreur du relais colis kilivite et je n’avais pas remarqué qu’il y avait un point relais ici. Répondis-je avant qu’elle ne soupçonne quelque chose. La vendeuse se contenta d’un petit sourire amusé.

– Ah oui ? Bref ! Tu sais ce que Victor voudrait qu’on garde l’appartement et qu’on le loue, non mais je rêve… Linda était repartie dans les méandres de son divorce tumultueux, et moi j’étais heureuse, heureuse parce que j’étais débarrassée de cette histoire, il n’était pas là, la magie avait cessé.

Mais le destin en décida autrement. Juste au moment où Linda et moi allions traverser, je le vis, il était là avec un gars à l’air plutôt pressé. Ils se sont engagés sur le passage piéton en même temps que nous.

Nous nous sommes croisés, j’ai senti son corps frôler le mien, sa douceur, m’avait-il reconnue ?

Linda me regarda d’un drôle d’air. Il est vrai que je n’étais plus moi-même, il fallait que j’en parle à quelqu’un, je ne pouvais pas garder un tel poids pour moi seule.

« Comment ça tu es tombée sous son charme ?

  • Hurle encore plus fort je suis certaine qu’à coté, ils n’ont pas tout entendu !

  • Mais enfin tu ne le connais même pas. Ajouta Linda en chuchotant. Et puis tu n’imagines même pas les problèmes que ça va t’attirer, crois-en mon expérience.

  • Il faut que je le revoie, Stéphane part pour 2 jours encore et franchement la solitude commence à me peser. J’ai besoin d’amour, de tendresse, de câlins.

  • Mais évidemment, au début, c’est toujours comme ça, et ensuite qu’est-ce que tu crois ? Il va laisser ses affaires traîner partout, s’avachir sur le canapé en attendant que tu lui prépares sa bouffe et c’est toi qui seras obligée de le sortir.

  • Oui tu as sans doute raison, en plus je me sens coupable, Stéphane a réservé pour les vacances, il pense que ça va nous faire du bien. S’il venait à se douter ça gâcherait tout.

  • Ah ! Ça c’est certain, faut même pas y compter sur tes vacances, et ne compte pas sur moi non plus, j’ai déjà assez de problème comme ça. Et puis Stéphane est un garçon charmant, hormis le fait que c’est un vrai fantôme, il t’aime, j’en suis certaine, ça se voit. Paul ne résoudra pas vos problèmes, loin de là.

  • Oh ! Je t’en prie, il m’aime oui. Avant il avait plein de petites attentions, il ne faisait pas toutes ces heures au bureau, en plus, il passe tout son temps libre avec sa méliconnasse, j’ai l’impression qu’il l’aime plus que moi.

  • Là je te comprends ! Victor aussi avait sa méliconnasse si tu veux ! Il ne voulait plus sortir, il ne me faisait plus de compliment non plus, quand je l’ai surpris sur le divan avec elle et bien ni une ni deux, je l’ai mis dehors et j’ai demandé le divorce !

  • Ah bon, à ce point là ? Je ne te savais pas aussi stricte, je pensais que c’était parce que tu avais une aventure avec le stagiaire que vous divorciez ?

  • Oui, mais à ton avis, pourquoi j’ai couché avec le stagiaire, hein ?? Moi je te dis, Paul, ce n’est pas une bonne idée, ça ne va faire qu’empirer les choses et puis tu ne sais pas encore si lui de son coté… Enfin vous n’avez même pas encore fait connaissance.

  • Paul ? non c’est vrai, on n’a pas fait connaissance mais en même temps son avis n’est pas forcément nécessaire tu sais, il suffit que je l’emmène chez moi et je pense qu’il n’émettra aucune résistance. Je suis quand même quelqu’un de bien et pour lui ce sera le paradis, en tout cas je ferai tout pour !

  • Toi alors, dis donc ! Ce n’est quand même pas un objet !! Si tu te sens si seule, je te conseille d’en parler à Stéphane !!

  • Tu crois ? Je pourrais lui dire, c’est vrai, ce sont des choses qu’on ne décide pas seul. Bon la pause est terminée, j’ai encore quelques dossiers, ensuite je rentre et je parle à Stéphane.

  • Voilà fais donc ça ma belle ! »

Boostée comme jamais, j’ai avalé les dossiers empilés sur mon bureau, passé un petit coup de fil à la boutique et à 18h j’ai appelé Stéphane !

« Coucou mon chou, ça va ?

  • Sylviane qu’est ce qui se passe tu as encore loupé ton bus ? Il émit un petit rire moqueur.

  • Non non, il faut que je te parle, je voudrais que tu me retrouves sur le boulevard Buisson au numéro 211 . – J’espère que je ne fais pas une bêtise -.

  • C’est quoi ? Un hôtel ?

  • Absolument pas ! Viens et tu sauras…

  • Tu en fais des mystères, j’arrive ! »

Vingt minutes plus tard, Stéphane se garait plus bas sur le boulevard, je le rejoignis en me disant que j’allais tout lui avouer.

Stéphane s’avança, il m’embrassa tendrement. Comme ça faisait longtemps… Mmm. Et je fus prise d’un sentiment de culpabilité, n’étais-je pas sur le point de le trahir ?

« On peut dire que tu as attisé ma curiosité. Qu’as-tu de si urgent à me dire et pourquoi ici ?

  • On peut parler en marchant. Voilà, depuis que tu fais des heures sup et que tu pars aux quatre coins de la France, je me sens seule, tellement seule.

  • Mais tu sais que je fais ça pour nous mon amour et puis je vais être en vacances tu dois encore tenir un mois… Indiqua Stéphane avec une pointe d’angoisse dans la voix.

  • Ah oui et en vacances, tu passes tout ton temps sur le canapé avec ta méliconnasse, tu sais que Linda a demandé le divorce pour ça !

  • Ma quoi ?

  • Ben ta télécommande là, tu lui as même donné un nom tellement tu regardes cette foutue télé.

  • C’est une Méliconi ma télécommande et puis je pensais que Linda avait trompé Victor.

  • Oui, je pensais aussi, mais je crois que je viens de comprendre que sa fierté l’avait empêchée de me dire que Victor l’avait trompée en premier, comme je m’en veux. Je l’appelle demain. Mais tu sais on a tous tellement besoin d’amour, on serait prêt à n’importe quoi.

  • Tu me fais peur Sylviane, écoute je t’aime mais je ne pourrais pas supporter… Et pourquoi tu m’as fait venir ici ? Pour éviter que je te fasse une scène ?

  • Enfin, tu ne comprends pas, je t’en prie ne m’en veux pas. Il s’appelle Paul, il est…

  • Et en plus tu me donnes son nom, tu ne veux pas me le présenter aussi que je lui mette mon poing dans la figure ?

  • Ben justement, je te présente Paul, je voulais que tu le vois pour que tu comprennes pourquoi j’avais craqué. J’ai appelé la boutique et si tu es d’accord je pars avec. Stéphane se retourna.

  • Tu sais que je t’aime toi !

Stéphane regarda Paul dans les yeux. Salut toi, je suis Stéphane, je crois qu’on va devoir devenir copain.

Tu aurais pu simplement me dire que tu voulais un chien, je suis tellement mordu de toi que je ne pourrais rien te refuser !

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